L’État du Sénégal a fait de la reconstitution du capital semencier une de ses priorités. C’est toute la pertinence de la réalisation de six fermes de semences dans le pays dont l’une à l’Isra de Sangalkam, grâce à l’appui du Programme de productivité agricole en Afrique de l’ouest (Ppaao/Waapp)-2A du Sénégal.
Une agriculture performante requiert des semences de qualité. C’est tout le sens de l’accompagnement de la Banque mondiale à travers la mise en œuvre du Programme de productivité agricole en Afrique de l’ouest (Ppaao/Waapp)-2A du Sénégal dont l’une des ambitions est de réaliser six fermes semencières spécialisées à travers le pays et en fonction des spéculations adaptées aux régions. Le site de l’Isra de Sangalkam va abriter la ferme spécialisée dans le maraîchage, l’horticulture et l’arboriculture, des activités adaptées à la zone des Niayes. Il s’agit d’une « ferme semencière intelligente » qui s’étend sur 20 hectares, financée à hauteur de 200 millions de FCfa par le Ppaao/Waapp et réalisée par des jeunes sénégalais. L’entrepreneur, Amadou Diokhané souligne que cette ferme permet « de contrôler tous les acquis du système d’irrigation et de gestion des fertilisants ». « On peut avoir des données statistiques fiables sur le ratio des rendements de chaque spéculation ou intrant», soutient-il.
« Une agriculture de précision »
Entamés en novembre 2016, les travaux s’achèvent dans moins d’un mois. Le bâtiment administratif est déjà achevé. Les ouvriers sont à pied d’œuvre pour l’installation du système de monitoring. Ils sont également en train d’installer le système d’irrigation et de construire le mur de clôture, un bassin de 3.300 m3 qui permettra d’alimenter le système en cas de coupure d’eau pendant trois jours. La ferme sera alimentée par un double système : le goutte-à-goutte et l’aspersion. Elle comprend également une aire de séchage, une serre, des parcelles de culture, un magasinage de stockage, un abri pour gardien, des ombrières, des composteurs, etc.
De l’avis de l’entrepreneur, la ferme sera fonctionnelle en décembre 2017 et les premières semences pré-base produites en janvier-février 2018. M. Diokhané est convaincu que cette infrastructure « va radicalement » changer le visage de l’agriculture au Sénégal. « Nous n’aurons plus une agriculture qui sera basée sur la pluie mais plutôt une agriculture intelligente et de précision », a-t-il insisté. « Nous ne voulons plus qu’on parle au Sénégal de semences écrémées ; il n’y aura que de semences certifiées », a-t-il ajouté, euphorique, le responsable technique des fermes semencières de l’Isra, Massaer Nguer. Il souligne que ces fermes permettront « de résoudre, pour de bon, les problèmes de semences au Sénégal ».
Au Sénégal, la production de semences de pré-base et la sélection ont été confiées à l’Isra. L’Institut produit des semences de la génération zéro à celle trois qu’il cède aux multiplicateurs chargés de produire les semences de base (certifiées) qui sont distribuées aux producteurs. M. Nguer estime que les six fermes permettront à l’Isra d’atteindre ses objectifs et même de les dépasser. Elles serviront également de cadre de formation et de recherche au profit des multiplicateurs de semences.
Après cette étape, la délégation s’est rendue à l’École nationale supérieure en agriculture (Ensa) de Thiès où il est prévu la réalisation d’une ferme à l’image de celle de Sangalkam. Ici, les travaux n’ont pas connu une avancée significative. Les responsables ont promis d’apporter des correctifs pour l’achèvement des travaux. Le nouvel amphithéâtre de l’Ensa, d’une capacité de 200 places, financé par le Ppaao à hauteur de 200 millions de FCfa, sera provisoirement réceptionné en début novembre.
Souleymane Diam SY