Le Programme de productivité agricole en Afrique a acquis et mis sept unités de triage et de conditionnement à la disposition du Centre national de recherche agricole de Bambey (Cnra) et des producteurs de Matam, de Sédhiou, de Podor, de Kédougou, de Bignona et de Kaffrine.
Le petit discours est déclamé dans un français approximatif, mais il n’est pas besoin de se triturer les méninges pour comprendre que son auteur exprime un sentiment profond de soulagement. Soulagement pour Agna Diallo, grand producteur de maïs à Kédougou, de ne plus devoir à braver les 220 km de route (dont une bonne centaine de km est complètement dégradée) qui séparent Kédougou de Tambacounda pour se faire conditionner ses semences. Le Programme de productivité agricole en Afrique de l’ouest (Ppaao) a mis fin à ce calvaire en installant une unité mobile de triage et de conditionnement dans un coin du centre opérationnel régional de la Sodefitex de la zone. La gestion est confiée à la société Bamtaaré, filiale de la société cotonnière, pour des soucis de rentabilité. « Le Ppaao nous a enlevé une grosse épine du pied. La navette entre Kédougou et Tambacounda nous coûtait beaucoup d’argent en transport. Ce qui renchérissait le coût des semences », confie le producteur sans se départir de son air débonnaire entrecoupé de gros éclats de rire et de mots de remerciement. La dame Adja Aya Ndiaye, figure emblématique du développement local, fait chorus en insistant sur l’utilité de cette machine et les actions menées par le gouvernement et ses partenaires pour soutenir les producteurs.
Ce mercredi 17 mai, la délégation de la 9ème mission conjointe d’appui au Ppaao/Waapp a participé à la mise en service officiel de cette unité qui a conditionné ses premières semences la veille. Elle avait été acheminée dans la ville aurifère depuis décembre dernier. « Avec cette unité, les coûts de production des semences vont se réduire», assure Goulé Guèye, directeur général adjoint de Bamtaaré. La tonne de semence est conditionnée pour 25.000 Fcfa avec une capacité de traitement d’un sac toutes les cinq minutes. En une journée seulement de fonctionnement, le tableau de bord de la machine affiche 132 sacs de 40 kg de semence déjà conditionnés. Preuve que le besoin est bien réel à Kédougou. Comme il l’est aussi dans les autres localités où le Ppaao a installé des machines. En effet, outre Kédougou, des unités mobiles de triage et de conditionnement de même type ont été affectées à Matam, Sédhiou, Bignona, Kaffrine et Podor pour les producteurs. Une unité fixe destinée à la recherche a été octroyée au Centre national de recherche agricole (Cnra) de Bambey. Ces sept unités viennent ainsi renforcer les trois qui existaient jusque-là au Sénégal et qui sont basées à Richard-Toll, à Diourbel et à Tambacounda.
La mise en place de ces unités de triage et de conditionnement dont le coût d’acquisition est de 530 millions de Fcfa, outre de rapprocher les producteurs des centres de traitement, s’inscrit aussi dans le souci de trouver des solutions aux manquements notés dans le processus de fabrication des semences. « Il y avait une faille dans le conditionnement des semences. C’est ainsi que nous avons aussi renforcé l’unité de Richard-Toll et privatisé une à Kaolack pour décharger un peu celle de Diourbel et une autre unité à Kolda. Mais cela ne suffisait pas toujours parce que les producteurs de semence dans les localités reculées ont des difficultés pour faire conditionner leur semence », explique Adama Keita, responsable semence au Ppaao/Waapp.
Le conditionnement est la dernière étape de la fabrication de semence. Après avoir été produite, la semence ne peut-être utilisée de manière optimale que lorsqu’elle suit un processus d’homologation, de certification et enfin de conditionnement. Ce dernier point consiste à nettoyer la semence et la débarrasser de toutes impuretés (brisures, cailloux, immatures etc.).
Une nouvelle plateforme de fabrication de compostage à l’essai
Grâce à un financement du Ppaao/Waapp, le Cnra de Bambey est en train d’expérimenter un modèle de fabrication de compost à travers une plateforme en caissons. Les matières premières sont constituées de coques d’arachide, de tige de mil et de fumée. Les tiges de mil sont broyées grâce à une broyeuse achetée avec le financement octroyée par le Ppaao/Waapp. Après 45 jours de maturation, le fertilisant ainsi obtenu va être soumis à un test agronomique. Si les résultats sont concluants, la technique sera mise à l’échelle conformément à l’idée qui sous-tend le projet. « Pour le moment, on ne peut pas dire, de manière exacte, le rendement qui sera obtenu avec ce fertilisant. Une fois que les paramètres de qualité seront connus et qu’ils se révèlent satisfaisants, il va s’en dire que ce compost sera très utile pour les producteurs », confie Fatou Tine, doctorante au Cnra de Bambey. Pour la mise à l’échelle, il est prévu de signer des partenaires avec des groupes de jeunes. Ces derniers pourront ainsi fabriquer et vendre le compost aux producteurs. Une manière de participer à créer des emplois pour les jeunes conformément à l’esprit du Ppaao.
De notre envoyé spécial à Kédougou et Tambacounda,
Elhadj Ibrahima THIAM