Une alliance nationale pour les semences recommandée par les acteurs

Pour mieux organiser l’ensemble des acteurs qui interviennent dans la

reconstitution du capital semencier au Sénégal, des acteurs du monde rural

préconisent la création d’une véritable alliance semencière. Un avis que

partage, Mour Guèye, Coordonnateur par intérim du Ppaao/Waapp au

Sénégal. Cette structure permettra de développer davantage des synergies

dans les actions en matière de production et de diffusion de semences de

qualité dans le monde rural.

Au Sénégal, plusieurs organisations s’activent dans la production de semences.

Et pourtant, l’Etat peine encore à atteindre les objectifs fixés en matière de

reconstitution et de sécurisation du capital semencier. La tournée effectuée

dans le monde rural, dans le cadre de la visite des réalisations du Programme

de productivité agricole en Afrique de l’Ouest (Ppaao/Waapp) au Sénégal, a

permis de constater de visu cette réalité souvent évoquée par les acteurs du

monde rural. La problématique de la coordination et de la cohérence des

initiatives prises ça et là demeure encore une préoccupation pour les

utilisateurs de semences dans le monde rural. Si par endroit, certains évoquent

la disponibilité des semences certifiées, ailleurs, les préoccupations tournent

essentiellement autour de la commercialisation des stocks produits ou encore

l’accès aux variétés améliorées de cycle court. C’est le cas dans le Sud où des

producteurs éprouvent encore de réels problèmes à disposer des quantités de

pré-base nécessaires à la production de semences de base. Il suffit de souligner

que pour le riz, il a fallu recourir à des stocks venus de Bouaké, par le biais de

l’Asprodeb, pour satisfaire les besoins en Nérica (New rice for Africa) de la

coopérative des producteurs de semences du Pakao, dans le Sédhiou, pour

mesurer toute la dimension de la question dans le monde rural. Pour inverser

cette tendance et répondre aux attentes des producteurs dans le cadre d’une

plus large diffusion des nouvelles variétés introduites au Sénégal, en matière

de céréales sèches tout comme pour le riz, des voix se sont levées pour

préconiser la création d’une véritable alliance nationale pour les semences.

Selon le Dr Mour Guèye, Coordonnateur par intérim du Programme de

productivité agricole en Afrique de l’Ouest (Ppaao/Waapp), une telle initiative

permettra d’éviter les pertes de temps et les dysfonctionnements notés dans

cette opération. « L’alliance semencière pour une industrie semencière durable

va aider l’Etat et les acteurs à mieux organiser l’ensemble des acteurs, à

distinguer ce que font les uns et les autres afin de mieux les accompagner», a

souligné M. Guèye. Il déplore le fait qu’il y ait beaucoup d’initiatives qui sont

prises un peu partout sans pour autant assurer une cohérence dans le

système. « Le Ppaao/Waapp travaille déjà sur la question en relation avec le

Wasp (programme semencier de l’Afrique de l’Ouest) qui intègre cette

dimension dans chaque unité de coordination du Programme de productivité

agricole en Afrique de l’Ouest afin d’éviter les doublons », a indiqué Mour

Guèye.

Très connue dans la production de semences, le Réseau des organisations

paysannes et pastorales du Sénégal (Resopp) veut se spécialiser davantage

dans la multiplication de semences de céréales et de légumineuses dans le

bassin arachidier et en Casamance. Cette année par exemple, 85. 994 hectares

ont été emblavés pour une production attendue d’environ 872 tonnes de

semences pour les céréales sèches. Le Resopp a exprimé le souhait de pouvoir

écouler toute cette production afin de jouer sa partition dans la reconstitution

du capital semencier au Sénégal. Déjà 24 tonnes de semences de niébé sont en

souffrance dans ses magasins, à Kelle Guèye, dans la commune de Kébémer.

Le Président de la Coopérative de Kelle Guèye, Youssou Ndiaye, qui révèle

cette situation n’arrive pas à comprendre comment l’Etat peine à mobiliser

la totalité de la quantité de semences de niébé (4000 tonnes) et laisser des

stocks de semences certifiées en souffrance dans le monde rural. L’organisation

faitière souhaiterait bénéficier davantage de débouchés pour ses productions

de semences certifiées. Youssou Ndiaye déplore le fait que le marché des

semences est souvent envahi par les tout-venants au détriment des certifiées

propices à une bonne productivité.