Les acteurs de trois grands programmes régionaux de recherche agricole en Afrique se sont réunis récemment à Lusaka, en Zambie, pour partager leurs expériences et renforcer leur collaboration.
Il s’agit notamment du Programme de productivité agricole d’Afrique de l’Est, (EAAPP)), du Programme de productivité agricole en Afrique Australe (APPSA) et du Programme de productivité agricole d’Afrique de l’Ouest (PPAAO).
Ces programmes ont un point commun : promouvoir la coopération pour la recherche et les technologies agricoles sur le continent et faciliter le partage de l’information, des connaissances et des technologies agricoles au-delà des frontières nationales.
La réunion de Lusaka n’a pas seulement offert aux acteurs l’occasion de créer des réseaux et des cadres de partage des connaissances indispensables pour des améliorations futures, mais, elle a aussi permis de tirer des leçons pour améliorer la mise en œuvre actuelle ainsi que les interventions futures.
Un énorme potentiel, mais une faible contribution à l’économie agricole
Le secteur de l’agriculture emploie environ 70 pour cent de la main-d’œuvre sur le continent. Pourtant, selon les experts, la productivité est encore très faible. L’ensemble des importations annuelles de denrées alimentaires en Afrique est estimé à 35 milliards de dollars, et ce chiffre devrait atteindre 110 milliards de dollars d’ici à 2025.
A l’initiative des Communautés économiques régionales, de nombreux pays africains, en collaboration avec la Banque mondiale, ont mis en œuvre, au cours de la dernière décennie, d’importants programmes régionaux de recherche et développement agricoles.
En Afrique de l’Ouest, le PPAAO a été créé à l’initiative de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), en réponse à l’engagement renouvelé des États africains d’accélérer la mise en œuvre du Programme Détaillé de Développement de l’Agriculture Africaine(PDDAA). Le CORAF, la plus grande organisation sous régionale de recherche en Afrique, est mandaté pour coordonner la mise en œuvre du PPAAO en Afrique de l’Ouest.
Qu’est-ce qui a été réalisé dans le cadre du PPAAO ?
Au début du programme en 2007, l’objectif principal du PPAAO était d’atteindre six millions de personnes. Selon les données disponibles, le programme a largement dépassé ses objectifs initiaux et a atteint plus de 9 millions de personnes directement et 56 millions indirectement.
Plus de deux cents technologies ont été diffusées et adoptées par près de 4,5 millions de producteurs et transformateurs sur environ 4,8 millions d’hectares.
Le PPAAO a financé des études de master et de doctorat pour 1021 jeunes chercheurs dont 72 % d’hommes et 28 % de femmes. Certains de ces jeunes chercheurs participent déjà pleinement à l’avancement de la recherche essentielle dans leurs pays respectifs.
De nombreux observateurs font remarquer que le PPAAO a été un énorme succès. Et nous avons cherché à apprendre du PPAAO, ce qui a fonctionné, pourquoi et dans quelles circonstances. Le PPAAO a partagé certaines leçons avec ses partenaires à Lusaka et en a tiré certaines pour améliorer de façon pertinente le programme de transformation agricole en Afrique de l’Ouest.
Intensification de la chaîne de valeur du manioc
L’une des caractéristiques novatrices du PPAAO a été la création de centres nationaux de spécialisation. Chacun d’eux s’est vu attribuer le leadership de la recherche sur une culture prioritaire. Il s’agit notamment du Centre des Racines et Tubercules (Ghana), du Riz (Mali), des Céréales sèches (Sénégal), des Fruits et Légumes (Burkina Faso), du Plantain (Côte d’Ivoire), de l’Aquaculture (Nigeria), du Maïs (Bénin), du Bétail (Niger) et du Riz de Mangrove (Sierra Leone). Jusqu’à présent, les centres sur les Céréales sèches et Racines et Tubercules basés respectivement au Sénégal et au Ghana ont été transformés en centres régionaux d’excellence. D’autres sont en voie d’obtenir ce statut tant convoité.
La particularité de ces centres et leurs résultats ont fait l’objet d’échange
Les participants ont reconnu que la recherche a contribué à faire progresser la production et la transformation dans la chaîne de valeur du manioc. Ils ont fait savoir que cette filière a un énorme potentiel pour les économies des pays producteurs et qu’elle devrait être développée et répandue davantage.
L’EAAPP a publié des variétés de maïs bio-fortifiées-hybrides. Le PPAAO qui a salué le potentiel énorme de ces variétés a admis qu’elles pourraient être introduites en Afrique de l’Ouest, en particulier par le Centre national de spécialisation du maïs basé au Bénin.
A la fin de la réunion, les participants ont recommandé aux gouvernements et aux partenaires au développement d’investir davantage dans la chaîne de valeur du manioc.
Ils ont également lancé un appel pour standardiser les concepts de Centre national de spécialisation, de Centre régional d’excellence et de Centre régional de leadership.
Une réunion de partage d’expérience similaire est d’ores et déjà convoquée pour l’année prochaine en Afrique de l’Est. Les participants examineront les thématiques relatives au bétail et aux produits laitiers, l’horticulture, les fruits et légumes et les céréales sèches,(sorgho et millet) en particulier.