Mamadou Faye est un petit producteur à Pointe-Sarène, à environ 100 kilomètres au sud de Dakar, Sénégal. En 2015, grâce à notre programme de productivité agricole en Afrique de l’Ouest (WAAPP), Mamadou est passé de sa culture habituelle de maïs à la production de semences de sorgho. Malgré le manque de pluie, ces dernières récoltes ont été couronnées de succès.
Avant, Mamadou cultivait du maïs. Mais faute de précipitations suffisamment régulières et de semences de qualité, il n’obtenait que des rendements et un revenu dérisoires. Le jour où il a signé un contrat avec une coopérative gérée par le Réseau des organisations paysannes et pastorales du Sénégal (RESOPP), il a récupéré des semences d’une nouvelle variété de sorgho, élaborée par le Programme de productivité agricole en Afrique de l’Ouest (WAAPP) et censée à la fois être résistante aux sécheresses et offrir des cycles plus courts.
Pour Mamadou, la promesse a été tenue : « Je suis tous les jours dans mon champ, de 7 heures à 18 heures, pour protéger ma récolte des singes et des oiseaux, parce que ça en vaut la peine. Le sorgho est très intéressant pour moi. Si j’avais plus de terres, j’en planterais certainement davantage », explique-t-il.
Au titre du contrat de production de semences, Mamadou Faye est tenu de revendre les graines de sorgho à la coopérative au prix de 300 FCFA le kilogramme, le double du tarif du marché. Pour Diegane Faye, conseiller agricole local du programme WAAPP, les agriculteurs qui utilisent ces variétés certifiées obtiennent un rendement de 1,5 à 2 tonnes par hectare, contre 0,5 tonne pour les variétés locales non certifiées. Quand on sait que la région a reçu deux fois moins de précipitations que d’habitude pendant la campagne 2014 (250 mm au lieu des 500 mm habituels), un tel rendement est remarquable — et peut, en outre, sauver des vies.
L’agriculture devenant une activité de plus en plus risquée au Sénégal comme dans bon nombre d’autres pays d’Afrique subsaharienne, il faut de toute urgence protéger les exploitants contre la menace grandissante que constituent les aléas météorologiques, les ravageurs, les maladies, la sécheresse, les inondations. A ce titre, le programme WAAPP coordonné par le CORAF/WECARD conçoit et met en place des pratiques agricoles climato-intelligentes afin d’accompagner l’essor du secteur et, de contribuer ainsi à réduire la pauvreté et à stimuler la croissance économique, surtout dans les pays dont la richesse dépend de l’agriculture et où cette corrélation est très étroite.
Grâce à ces variétés améliorées, les agriculteurs obtiennent des rendements élevés même pendant les années marquées par un déficit pluviométrique comme en 2011 et 2014 où les producteurs ont vu leur productivité augmenter de près de 60%. Un coup de pouce qui les aide à mieux résister aux aléas du climat et à se prémunir contre les effets contraires d’une mauvaise campagne.