CORAF 26 avril 2016 /

Atteindre la sécurité alimentaire durable est l'un des principaux défis de la sous-région ouest-africaine. Dix ans après la mise en œuvre de la politique agricole de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), certaines initiatives régionales ont eu des impacts significatifs dans la sous-région. Parmi ceux-ci, le Programme de Productivité Agricole en Afrique de l'Ouest (PPAAO), coordonné par le Conseil Ouest et Centre Africain pour la Recherche et le Développement Agricoles (CORAF / WECARD) qui s'aligne sous les politiques agricoles en dressant des défis majeurs liés à la productivité agricole. Ceci à travers non seulement la génération de technologies améliorées pouvant accroitre le rendement des cultures de 50 à 150%, ainsi que la coopération régionale entre les 13 pays bénéficiaires.

Lorsque le Programme de productivité agricole en Afrique de l'Ouest (PPAAO) a été initié en 2008, la sous-région était l'une des régions du monde les plus touchées par l'insécurité alimentaire malgré l'abondance de ses ressources naturelles et humaines. Représentant environ 35% du PIB de la sous-région et employant 60% de la population active, le secteur agricole est handicapé par la faiblesse des liens entre les agriculteurs et les marchés, l'accès limité aux semences de qualité à un coût abordable et le manque d'information sur les nouvelles technologies et les bonnes pratiques agricoles. Par conséquent, le déficit alimentaire en Afrique de l’Ouest à l'époque était estimé à plus de 20%.

Le PPAAO coordonné par le CORAF / WECARD est ainsi devenu l'une des principales réponses de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) à la crise alimentaire de 2006-2008 qui a frappé la région. La situation alimentaire de la région aurait été pire sans l'intervention du PPAAO. En fait, le programme a généré avec succès et a accéléré l'adoption de technologies améliorées dans les domaines prioritaires clés du secteur agricole dans chacun des 13 pays bénéficiaires.

Le nombre de technologies publiées par le PPAAO a continué d'augmenter au fil des ans. En 2014, le nombre de technologies a dépassé l'objectif initial du projet fixé à 83. À ce jour, 160 technologies améliorant la productivité ont été générés et ont touché plus de 6 millions de bénéficiaires directs et environ 30 millions de bénéficiaires indirects en Afrique l'Ouest. Le Programme de productivité agricole en Afrique de l'Ouest aide également les femmes à avoir un meilleur accès aux technologies et connaissances agricoles. Plus de 45% d'agricultrices en Afrique de l'Ouest ont bénéficié du projet.

Le programme a apporté des changements positifs dans la productivité agricole des communautés des petits agriculteurs à travers une large diffusion de ces technologies agricoles et innovations à travers les 13 pays du projet et au-delà.

Des Technologies et innovations qui vont au-delà des frontières

Dans le but de soutenir l'intégration régionale dans le secteur agricole, le PPAAO facilité avec succès les demandes entre les pays à travers l'échange transfrontalier et l'adoption de technologies, de connaissances et d'expertise entre les pays participants. En exemple nous pouvons citer la technologie du semoir de riz à tambour du Mali qui a été diffusé dans 5 pays; la technologie de pain composite (mélange farine de céréales locales et de blé), générée au Sénégal et promue dans 5 pays; (c) les variétés de manioc à haut rendement et les patates douces à chair orange en provenance du Ghana qui sont adoptées dans 3 pays; l’équipement de production du riz étuvé de la Guinée est en voie d’adoption dans 4 pays; et  les variétés de tomate adaptées à la saison pluvieuse du Burkina qui sont aujourd'hui présentes dans 3 pays.

Toutes les technologies et les innovations générées dans le cadre du programme régional de productivité agricole ont été adoptées par 3 millions de transformateurs et les producteurs sur environ 3,094,170 hectares dans toute la sous-région ouest-africaine. Toutes ces technologies sont générées à travers un vaste réseau de 300 chercheurs travaillant dans les centres nationaux de spécialisation (CNS) dans neuf pays. Ces CNS se concentrent essentiellement sur les céréales sèches, les racines et tubercules, la banane et le plantain, le riz, riz de mangrove, les fruits et légumes, ainsi que l'aquaculture et l'élevage. Ces centres sous l'égide du CORAF / WECARD, sont actuellement soutenus pour évoluer vers des centres régionaux d'excellence. A ce titre, le PPAAO veuille à assurer la continuité dans la recherche grâce à la formation de plus de 1000 jeunes chercheurs en master et doctorat.

Un mécanisme de financement durable de la recherche agricole

En tant que programme phare de la CEDEAO, le PPAAO est aujourd'hui considéré comme est un outil unique qui facilite l’intégration régionale de part les échanges des technologies et des innovations et la mobilité des chercheurs et des acteurs entre les pays.

WAAPP se positionne comme un modèle robuste qui identifie les domaines prioritaires pour les investissements durables afin de mobiliser les fonds nécessaires pour accélérer la transformation agricole de la sous-région pour la croissance économique. Comme étape clé, le programme a pu mobiliser au cours des 07 dernières années, environ 457 millions de dollars américains au profit des 13 pays pour la recherche agricole par le biais d'un système de prêts programmatiques adaptatifs (APL) de la Banque Mondiale et aussi un soutien spécifique du Japon et de l'Espagne.

Impacts préliminaires

Le PPAAO bénéficie de la reconnaissance des décideurs et partenaires au développement quant au rôle joué dans la réduction de la pauvreté dans la sous-région à travers l'amélioration de la génération de revenus au profit des femmes et des jeunes et la promotion du développement social.

En favorisant l'accroissement du rendement des cultures principales de 30% à150%, le PPAAO a eu un grand impact sur la sécurité alimentaire et la qualité nutritionnelle, avec une consommation calorique passant de 2.777 kcals à 2.964 kcals. Le PPAAO a aussi permis aux agriculteurs à surmonter les « périodes de soudure" (une réduction de 28 à 55% selon les variétés). Le PPAAO a également contribué à augmenter de 34% la situation économique des agriculteurs cibles et des acteurs engagés dans la chaine de valeur agricole en Afrique de l'Ouest.

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