Augustin Oussou est un homme heureux. Cet éleveur de volailles originaire de Tieplé, village localisé au centre de la Côte d’Ivoire, non loin de la ville de Bouaké, parvient aujourd’hui à vivre décemment. Ses volailles lui rapportent un salaire qui lui permet de subvenir à ses besoins ainsi qu’à ceux de sa famille, et de quoi s’offrir quelques petits extras. « Grâce aux bénéfices engendrés, j’ai pu payer la dot de ma fiancée. Je peux aussi prendre en charge paisiblement les frais de scolarité de mes enfants à l’école privée du village qui dispose pourtant d’une école publique », raconte-t-il.
Augustin fait partie des 800 000 agriculteurs ivoiriens à avoir bénéficié du Programme de productivité agricole en Afrique de l’Ouest (PPAAO), financé par la Banque mondiale. Ce programme vise à améliorer la productivité agricole grâce à l’apport de variétés améliorées et la généralisation de bonnes pratiques telles que la construction de poulaillers (à l’aide de matériaux locaux) ou la vaccination de la volaille. L’élevage de volailles constitue un secteur créateur d’emplois pour les jeunes. En effet, 30 % des bénéficiaires du programme WAAPP pratiquant de l’élevage de volailles sont des jeunes. Augustin Oussou en est convaincu. C’est pourquoi il a entrepris des démarches auprès de la mairie de sa localité en vue d’assurer la formation des jeunes intéressés par ce métier.
Nombreux sont les cultivateurs à avoir bénéficié de ce programme. C’est le cas d’Albert Kangah, pépiniériste et producteur de banane plantain à Azaguié, localité située à environ 40 km d’Abidjan, la capitale économique. « Je produis la banane plantain hors saison depuis 2012 grâce à l’appui du PPAAO. Au début, j’étais inquiet par rapport à mes chances de pouvoir écouler mes produits. Mais une campagne médiatique m’a permis de toucher un large pan de la population débouchant sur une forte demande, parfois même difficile à honorer », raconte-t-il. Albert a pu également s’offrir un véhicule destiné à la livraison pour la somme coquette de 3 500 000 CFA (7000 dollars environ). Résultat des courses ? Il parvient désormais à livrer en moyenne 1,5 tonne de banane plantain par semaine hors saison. Il a également pu créer des emplois, et 14 ouvriers travaillent à présent pour lui à plein temps.
Selon Jean Paul Lorng, coordonnateur adjoint du PPAAO, si ces résultats sont impressionnants, la diffusion à grande échelle à plus grande échelle de l’ensemble des technologies telles que les variétés améliorées de manioc, les variétés améliorées de banane plantain, et les couveuses artisanales, est impérative afin de diversifier les sources de revenus des agriculteurs ivoiriens. Grâce à ce projet, Akissi N’da Kouame, agricultrice originaire de Bedressou, un village au centre du pays, cumule les métiers de pépiniériste, de productrice et de transformatrice de manioc. « J’ai débuté avec un ou deux hectares de manioc. Maintenant j’ai pu réaliser mon rêve et devenir transformatrice grâce à l’achat d’une broyeuse ».
De septembre 2011 à mai 2015, le programme a touché environ 800 000 bénéficiaires dont 49 % de femmes contre une cible de 500 000 à la fin du projet. 247 692 hectares sont cultivés avec des variétés améliorées de riz, banane plantain, maïs, igname, et sorgho, toutes diffusées par le projet pour une valeur cible de 150 000 hectares fin 2015.
Les appuis initiés par le PPAAO ont entraîné une augmentation de 22 % des revenus des ménages agricoles selon des enquêtes menées par l’Ecole Nationale de Statistiques Appliquées (ENSEA).