Burkina faso 13 juin 2019 /

Les producteurs de mangues du Burkina Faso ont repris le contrôle des attaques des mouches des fruits, ces petits insectes nuisibles qui ont déjà dévasté des vergers entiers de mangues dans la sous-région.

Avec une surveillance et un contrôle amélioré des mouches des fruits, ce pays d’Afrique de l’Ouest a vu sa production de mangues passer de 90.000 tonnes en 2017, à 200.000 tonnes en 2018, selon l’interprofession de la filière mangue du Burkina Faso (APROMAB). En termes de progression, cela représente une augmentation de 115 %.

Les acteurs de la filière mangue affirment qu’une telle performance n’aurait jamais été possible sans le Projet de Soutien au Plan Régional de Lutte et de Contrôle des Mouches des Fruits en Afrique de l’Ouest(PLMF), financé par l’Union européenne (UE), la Commission de la CEDEAO, (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest), et l’Agence française de développement (AFD).

Le Conseil ouest et centre africain pour la recherche et le développement agricoles (CORAF) assurait la gestion de la composante recherche adaptative du projet, aux côtés de quelques systèmes nationaux de recherche de la région, dont celui du Burkina Faso.

“Les progrès enregistrés ces dernières années en termes de production et d’exportation de mangues n’auraient pas été possibles sans le Projet mouches des fruits “, déclare Paul Ouédraogo, Président de l’APROMAB.

“La volonté des producteurs d’adopter et d’utiliser des techniques améliorées de contrôle et de prévention de la mouche des fruits a également été très utile pour gérer ce fléau.”

Près de 20.000 agriculteurs sont impliqués dans la production de la mangue au Burkina Faso. Les vergers couvrent près de 33.000 hectares de terres, principalement dans le sud-ouest et le centre-ouest du pays. Outre sa valeur économique importante pour les ménages et l’État, la production de mangues est une source alimentaire et nutritionnelle importante.

Dans l’ensemble, environ 8500 tonnes de mangues séchées et fraîches ont été exportées en 2018, contre 7000 tonnes en 2017.

Au cours des dernières années, les exportations de mangues ont été expédiées vers le Niger, le Ghana, les Pays-Bas, l’Allemagne, la France, le Japon, l’Angleterre et les États-Unis.

Les mangues produites et exportées depuis le Burkina Faso comprennent les variétés que sont : « Kent », « Amélie », « Brooks », « Keitt », « Valencia », « Lippens », et ‘’Springfels’’.  En termes de demande, la « Kent » se classe au premier rang des exportations en particulier vers le marché européen.

Moins d’interception de cargaisons, signe d’une amélioration de la qualité des exportations

Autre signe de l’amélioration de la qualité des mangues produites au Burkina Faso, il y a eu moins d’interceptions et de destruction des cargaisons ces dernières années en provenance du pays.

Rien qu’en 2016, près de 23 saisies de cargaisons de mangues exportées du Burkina Faso vers les marchés européens ont été enregistrées. En 2018, ce chiffre est tombé à huit.

“Cela signifie que nos agriculteurs font un meilleur travail de surveillance et de lutte contre la mouche des fruits “, explique M. Ouédraogo.

Outre l’augmentation des exportations et des niveaux de production, la saison de récolte s’allonge également. Traditionnellement, la période de la mangue s’étend de mars à mai. Mais avec de meilleures techniques de lutte contre les mouches des fruits, elle pourrait s’étendre jusqu’en fin juin 2019.

“Avant, nous ne pouvions pas exporter au-delà du 15 mai. Mais cette année, nous nous attendons à ce que les exportations durent au-delà du mois de juin “, a déclaré Paul Ouédraogo que nous avons rencontré dans la ville de Bobo Dioulasso, située dans la région du Haut Bassin à la fin mai 2019.

La prolifération des mouches des fruits augmente avec la saison des pluies qui a lieu fin mai au Burkina Faso. “Mais, c’est parce que nous nous sommes améliorés dans la lutte contre ce fléau, que les producteurs peuvent garder leurs mangues un peu plus longtemps que d’ordinaire” souligne M. Ouédraogo.

Inquiétudes après la fin annoncée du Projet de lutte contre les mouches des fruits

Le projet de lutte contre les mouches des fruits tire vers sa fin.

L’expérience du Burkina Faso avec des projets conçus pour aider les producteurs de manguiers à faire face au fléau des mouches des fruits, a montré qu’une fois le projet achevé, les mouches réapparaissaient.

Pour de nombreux agriculteurs du pays, cela est une préoccupation. Beaucoup redoutent que la réapparition dans la mouche dans les vergers, si des mesures idoines ne sont pas prises avant la saison agricole 2019/2020.

‘’Je crains fort que si nous n’obtenons pas d’aide au cours de la prochaine saison agricole, nous risquons de perdre tous nos investissements “, a déclaré avec amertume Sana Bata, 46 ans, une productrice de mangues basée dans la région du Haut Bassin au Burkina Faso.

“L’inquiétude avec le projet de la CEDEAO (NDLR PLMF) qui se termine cette année est que nous n’avons peut-être pas les moyens de continuer à acheter les produits et que la conséquence sera le retour des mouches des fruits “, a noté Ouédraogo à son tour.

“Nous avons peut-être contenu la mouche des fruits, mais le combat n’est pas encore terminé, conclut-il.

L’APROMAB aborde cependant le défi dans une perspective proactive.

“Ce que nous faisons aussi, c’est encourager nos membres à faire du traitement des vergers une opération de routine et à ne pas dépendre uniquement des projets. Nous devons intégrer les questions de traitement dans nos activités de base en tant que producteurs “, déclare le responsable des producteurs de mangues du Burkina.

Faire face à des règles plus strictes

La production de mangues de qualité n’est pas un choix pour les producteurs du Burkina Faso. Son principal partenaire à l’exportation, l’Union européenne a récemment publié des directives plus contraignantes pour les mangues importées d’Afrique de l’Ouest.

En avril 2019, le Comité de liaison Europe-Afrique-Caraïbes-Pacifique a déclaré dans une nouvelle directive que les exportateurs de mangues d’Afrique de l’Ouest doivent vérifier que la mangue a été soumise à un traitement efficace pour garantir qu’elle est exempte de mouches des fruits (Tephritidae), et que les données du traitement doivent figurer dans le certificat phytosanitaire devant accompagner l’exportation.

Cela signifie que les producteurs burkinabés ne peuvent plus se permettre de se reposer sur l’unique qualité de leurs mangues.

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